Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
18 janvier 2008 5 18 /01 /janvier /2008 09:59

 

« Jusqu’à quand allez-vous continuer à être le procureur d’un clan contre une partie des Ivoiriens ?"

 

 

Bonjour monsieur le procureur de la République

Avant tout propos, j’aimerais vous signaler que je ne sais pas si je dois m’adresser à vous en tant que Tchimou ou en tant que Moukki. L’histoire très récente de la justice corrompue (cf Nord-Sud n°770 du mardi 11 décembre 2007 de notre pays a montré que vous vous êtes senti concerné quand un jeune homme a pris sa plume pour dénoncer les excentricités d’un procureur nommé Moukki dans un pays imaginaire. J’avoue que je n’ai pas compris pourquoi vous vous êtes particulièrement senti concerné par cette histoire si vous n’aviez rien à vous reprocher. Je le dis et je le soutiens parce que moi, personnellement, je ne vois pas comment je me sentirais diffamé si un écrit dénonçait un journaliste vendu du nom par exemple de Nanko ou de Versil, qui exercerait dans un organe non bleu dans un bureau situé entre une église catholique et une école d’administration. L’idée que cet écrit me viserait, en dépit de certains détails tendant à  biaiser, ne m’effleurerait jamais l’esprit. Savez-vous pourquoi monsieur le procureur Tchimou ou Moukki ? Parce que tout simplement, je ne suis pas un journaliste vendu. Bref.

 

Monsieur le procureur Tchimou ou Moukki

J’ai décidé de m’adresser à vous après Mamadou Koulibaly et Eugène Djué, en connaissance de cause. Je sais que vous me poursuivez moi et mon directeur général pour une prétendue offense au chef de l’Etat Laurent Gbagbo après le dossier "les 100 « crimes » sous les régime FPI" que j’ai réalisé en février dernier. Je sais qu’à tout moment, vous pouvez envoyer des gendarmes me quérir pour aller me jeter en prison comme vous l’avez déjà fait l’année dernière. Je sais tout cela. Cependant, j’ai pris la ferme résolution de vous parler. Pas pour me prononcer sur cette affaire des « 100 crimes » qui a fait couler tant d’encre, de salive et de sueur, mais pour attirer votre attention sur l’iniquité de votre justice. Cela fait un bon bout de temps que je vous observe, que je suis vos actes, que je note vos agissements. J’ai réussi à percer le mystère de votre personnalité. Je n’exposerai pas les résultats de mon diagnostic psychologique dans le cadre de cette lettre. Je puis toutefois vous dire qu’après avoir recensé pas mal d’affaires dans lesquelles vous étiez impliqué, j’en suis arrivé à la conclusion selon laquelle vous êtes devenu le procureur d’un clan contre une partie des Ivoiriens. Je sais que vous le savez. Mais, je vais vous dire sur quoi je me fonde pour prononcer une telle sentence.

Acte un. Le cas Antoine Assalé Tiémoko. En faisant envoyer à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca), ce jeune homme, vous avez pris une lourde et autant historique responsabilité. Pour la toute première fois dans ce pays, depuis le vote de la dernière loi (pernicieuse) sur la presse, un jeune homme qui n’est pas journaliste et dont le seul tort est d’avoir écrit un article mettant en cause "la justice, les criminels et la corruption", a été envoyé en prison (12 mois fermes) pour un délit de presse. Pour la toute première fois dans ce pays, une histoire d’anagrammes conduit un jeune intellectuel en prison.

 

Monsieur le procureur Tchimou ou Moukki

Vous avez avancé que Antoine Assalé Tiémoko vous a outragé et a diffamé votre secrétaire, cette "charmante demoiselle répondant au prénom de Cilecé", qui, en ma connaissance n’est pas magistrat.

Je ne vous ferai pas l’injure de vous rappeler les attributions d’un procureur de la république. Le procureur de la république dans les Etats normaux et non déglingués est le magistrat représentant du ministère public. Le ministère public étant le corps des magistrats établis près des cours et des tribunaux dont la mission est de veiller à l’application des lois, à l’exécution des décisions de justice et surtout de défendre les intérêts de la société. Le procureur de la république à ce titre poursuit les criminels et autres personnes aux comportements délictieux.

 

Monsieur le procureur Tchimou ou Moukki

Nous sommes en novembre 2007. Des gens se disant souscripteurs des maisons de placement font une descente au palais de justice. Le bilan, c’est vous-même qui le donnez dans "Le Matin d’Abidjan" du mercredi 28 novembre 2007 : "de nombreux dégâts matériels ont été enregistrés après leur passage, certains magistrats avaient été agressés". En dépit de ce cas flagrant de destruction de biens publics, de violence sur magistrats, vous n’avez rien fait. Pourquoi ? Parce que derrière ces souscripteurs, se trouvait un certain Vitalien Siahou. Et parce que derrière cet homme se trouve une certaine nébuleuse chouchoutée par le régime, qu’on appelle Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI). Et parce qu’en fin de compte qui dit FESCI dit "patriotes" ou Front populaire ivoirien (FPI). Vitalien Siahou malgré ses sorties quasi récurrentes dans la presse où il vous traitait de tous les noms sans avoir à utiliser des anagrammes, n’a jamais été inquiété. Pourquoi ? Parce qu’il est un "patriote". Parce que dans ce qui devrait être votre mission de veiller à l’application des lois, vous avez choisi ceux comme Antoine Assalé Tiémoko à qui cette loi mérite d’être appliquée dans toute sa rigueur et ceux à l’instar de Vitalien Siahou ou des "fescistes" qui ont bastonné des magistrats toujours au palais de justice, en 2004, à qui cette loi ne peut et ne doit s’appliquer.

Acte deux. Affaire Kieffer. Nous sommes le 25 août 2007. Vous déclarez devant les journalistes, concernant le témoignage de Seydou Berthé que "ce sont des divagations et des affabulations d’un homme qui veut se faire du sou et qui n’est pas le chauffeur personnel de Tony Oulaï mais l’un des chauffeurs de ses taxis". Analysons ensemble vos propos. Vous parlez de divagations et d’affabulations. Autrement dit, vous déclarez que cet homme qui se dit témoin dans l’enlèvement de Guy André Kieffer n’est ni équilibré mentalement ni moralement crédible. Vous déclarez qu’il veut (procès d’intention) se faire du sou (diffamation) sans avoir été capable d’apporter un début de soupçon de preuves. Vous, le grand procureur de la République qui poursuit les gens pour des délits cités plus haut, pris en train de faire ce que lui-même reproche aux autres. Mais pourquoi avez-vous été réduit, ce jour-là, à vous comporter exactement comme un avocat de la défense plutôt qu’en procureur de la république qui poursuit les criminels ? Parce que tout simplement l’accusateur pointait du doigt le palais présidentiel. Qui dit palais présidentiel dit Laurent Gbagbo, dit Simone son épouse, dit la famille du couple présidentiel, dit leurs proches, dit en fin de compte un clan.

 

Monsieur le procureur Tchimou ou Moukki

Regardez droit dans les yeux les Ivoiriens et dites leur pourquoi, avec tous les moyens dont vous disposez, vous n’avez jamais fait la lumière sur les escadrons de la mort qui ont endeuillé les familles de Camara Yèrèfè H, de Benoît Dakoury, de Emile Téhé et de ces dizaines de morts anonymes ou non lors de cette crise. Regardez les dizaines de milliers d’Abidjanais qui ont souffert des déchets toxiques (et en souffrent encore) et dites leur pourquoi alors que vous êtes sur l’affaire depuis le 7 septembre 2006, l’enquête sur ce crime ignoble, n’est pas encore à son terme. Regardez la mère de Habib Dodo, si vous osez et dites lui si vous poursuivrez un jour les assassins de son fils alors que le dossier est sur votre table depuis août 2007.

 

Monsieur le procureur Tchimou ou Moukki

Vous avez traité plusieurs affaires et vous continuez d’en traiter qui opposent des Ivoiriens à d’autres Ivoiriens. Pouvez-vous soutenir au moins devant les hommes et surtout devant Dieu (il parait que vous dites que vous êtes chrétien) que dans les affaires UCEE de Louis Laouré Koffi, Pierrette Adam’s contre Claude Dassé, Jesa International, Victoire Ehivet Mady contre Aristid Konan Konan, etc, vous avez agi selon la  justice ? Si oui alors que Dieu vous bénisse. Si non, qu’il vous rétribue selon vos œuvres.

Pour ma part, j’attends ma deuxième convocation. La prison ne m’effraie pas. C’est la justice corrompue et les magistrats marrons qui me font peur. Je suis convaincu que dans un pays corrompu, avec une justice corrompue, la place des hommes honnêtes se trouve en prison. Mais avant d’y être appelé, j’aimerais que vous méditiez sur cette question. Quelle image voulez-vous que l’histoire retienne de vous ? L’image d’un procureur militant, partial à la réputation et à la moralité écorchées, dont la justice a divisé les Ivoiriens, opposé les uns les autres ou l’image d’un magistrat respecté parce qu’il a su s’arrêter à temps pour se remettre sur le chemin de l’équité ?

 
Post scriptum: au moment où je publie cet article, j'apprends que le jeune homme d'affaires Aristid Konan Konan jeté en prison par la petite soeur de Simone Ehivet Gbagbo répondant au nom de Marie Victoire Ehivet épouse Madi, est décédé. Il était détenu à la Maison d'arrêt et de correction d'Abidjan (Maca) depuis le 8 mai 2007. A plusieurs reprises le procureur de la république Raymond Tchimou a refusé sa demande de mise en liberté provisoire. Il est mort sans qu'il ne sache pourquoi on l'avait arrêté. Je reviendrai longuement sur cette affaire la semaine prochaine.

Partager cet article
Repost0

commentaires

D
C'est avec beaucoup d'interêt que j'ai lu votre message.Tchimou semble aveuglé par les avantages du pouvoir.J'espère que les nombreuses intrepelations vont le ramener sur terre.
Répondre
A
il faute espérer, comme je l'ai dit qu'il saura s'arrêter à temps pour se remettre sur le chemin de l'équité. et que vos peurs se transforment en satisfaction...
Répondre
B
J'ai peur<br /> J'ai vraiment peur pour des magistrats comme MOUKKI ou TCHIMOU lorsque la république des Rois et Roitelets va s'écrouler<br /> j'ai peur de ce qu'il déviendra, de ce fera, <br /> j'ai peur pour lui car toute chose à une fin sur cette terre des hommes<br /> j'ai peur pour sa conscience, pour son épouse, pour ses enfants, pour sa famille qui seront indexés, honteux et confus d'un héritage social et éthique qu'il leur laissera après qu'il ne sera plus procureur <br /> j'ai peur pour son avenir professionnel <br /> Mais en même temps, j'ai espoir !<br /> j'ai espoir que, comme tout bon ivoirien zelé, il retournera sa veste arguant qu'il a été trompé, trahi par ceux pour qui il agit de la sorte<br /> j'ai espoir qu'après la chute du Roi, une horde des habitants de sa région, de son village aujourd'hui muets, sa famille sur tout ce qui se passe se lèveront et se suivront pour venir demander pardon au nouveau Roi pour la réintégration de leur fils prodigue <br /> j'ai espoir qu'il viendra demander lui-même pardon au jeune Assalé et à sa famille pour avoir terni leur sacro-sainte image.<br /> Le temps est le seul partenaire des sans voix.<br /> Que le Dieu de justice achève ce qu'Il a commencé !
Répondre
A
ok. merci de vous préoccuper de mon sort. pour ma part, je reste convaincu que la place des hommes honnêtes se trouve en prison dans un pays corrompu, avec une justice corrompue.
Répondre
G
J'espère que ces uppercuts ne vous conduiront pas vous aussi à la MACA car même si je ne partage pas toutes vos idées nul ne peut nier la corruption généralisée qui sévit en Côte d'ivoire et je tiens plus que tout à la liberté d'expression
Répondre