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20 décembre 2008 6 20 /12 /décembre /2008 13:22

 

 

Qui était Kragbé Gnagbé ? Le portrait succinct laissé par l’histoire révèle que l’homme était un sécessionniste, un séditieux et un anarchiste. Nous sommes en 1970. Kragbé Gnagbé, natif du village de Gaba, dans le canton guébié, à la tête d’une centaine de membres de son parti interdit (le Parti national africain ou PANA), armés de fusils et de machettes assiègent la ville de Gagnoa. Ils descendent le drapeau tricolore, symbole de la nation ivoirienne et érigent leur propre drapeau sur les mats de la sous-préfecture et du commissariat de police. Kragbé Gnagbé proclame la république d’Eburnie, dont il s’autoproclame chancelier. Il publie un manifeste « La proclamation aux tribus d'Eburnie » et une constitution qu’il appelle « La loi organique de l'Etat d'Eburnie ».
Dans son manifeste qui rappelle un certain « Mille morts à gauche, mille morts à droite, moi j’avance », il déclare solennellement qu' « il faut se battre avec tous les moyens, même avec nos mains nues, dussions-nous y mettre le prix en hommes et en sang. Le sang parle mieux aux masses, car c'est le langage de la politique ». Il ordonne une purge ethnique sur la base d’un tract qui dénonçait « le vol des terres des paysans bété par les allogènes baoulé avec la complicité du pouvoir central ». Le gouvernement de Houphouët-Boigny qu’il ne reconnaît pas dépêche alors le commandant du corps urbain Obou Kouassi (père d’un célèbre footballeur international qui a fait les beaux jours des Eléphants de Côte d’Ivoire) afin de négocier une trêve avec les sécessionnistes. Ce dernier est capturé, séquestré, torturé (il a été émasculé et ses parties intimes ont été enfouies dans sa bouche) et finalement décapité. Son nom y serait pour quelque chose. Une grave méprise puisqu’il était originaire de Daloa…
Le pouvoir du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) prend alors la menace sécessionniste très au sérieux. Kragbé Gnagbé et son armée se retirent dans un maquis situé entre les villages de Bobia, de Dikouéhipalégnoa et de Tipadipa, dans les cantons Pacolo et Guébié. Kragbé Gnagbé, rappelons-le, avait été chassé de son village par ses parents quelques mois plus tôt après son arrestation et sa libération. Ceux-ci dénonçaient sa propension séditieuse et les exactions (racket des paysans à travers des impôts sauvages, menaces contre ceux qu’il accusait de collaborer avec le pouvoir PDCI, etc).
Kragbé Gnagbé et son armée se livrent dès lors aux premiers massacres en masse de populations allochtones traitées de suppôts du pouvoir central et autochtones accusées de collaboration avec « l’ennemi ». Dans les villages et sur les routes, l’armée de Kragbé Gnagbé contrôle les identités et passe systématiquement à l’arme à feu ou à l’arme blanche, les « ennemis ».
Une semaine après le siège de Gagnoa par les sécessionnistes, l’armée nationale conduite par l’officier Gaston Ouassénan Koné prend le contrôle de la situation dans la région. Kragbé Gnagbé est éliminé dans des circonstances encore floues. C’est la fin d’une aventure sanglante qui a commencé en août 1966, au retour au pays, du jeune intellectuel Kragbé Gnagbé après des études en occident.
Kragbé Gnagbé était en définitive un dangereux tribaliste doublé d’un piètre sécessionniste. Il était plus qu’un rebelle puisque lui a franchi le cap de la rébellion pour proclamer sa république. C’est cet homme extrêmement dangereux dont les actions séditieuses ont été matées (un rebelle ça se mate sinon ça discute avec lui, c’est un principe de la science politique) par Houphouët-Boigny dont l’héritage est revendiqué par Laurent Gbagbo. Rien d’étonnant, en fin de compte.
Mais alors pourquoi dénoncer Guillaume Soro, le patron d’une rébellion qui n’est pas pour autant glorieuse ?

André Silver Konan

Journaliste écrivain

 

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commentaires

K
<br /> tu es fout, tu ne connais pas l'histoire ton pays, moi je suis né dans cette crise qui a emporter beaucoup de nos parents. un jour le feu s'abattra sur toi parce que tu dis ce que tu ne sais pas.<br /> IMPOSTEUR<br /> <br /> <br />
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S
<br /> Jusque là les intervenants veulent savoir qui est Kragbé Gnagbé et accusent l'auteur de l'article de partialité. Pour moi, ce n'est pas ce que veut faire comprendre l'auteur. Il veut dire à GBAGBO<br /> que on ne vient pas dire qu'on est héritier d'un sécessionniste, d'un chef rebelle quand on fait face à une rebellion et qu'on souhaite le soutien de la population nationale et internationale. Bref<br /> en revenant sur les raisons qui ont poussé Kragbé a faire une rebellion certains pensent qu'il avait raison. Je m'inscrit en faux. les dirigeants d'alors avait estimé à raison, pour éviter<br /> l'emiettement du nouveau Etat, que l'on concentre toutes les énergies à créer la nation ivoirienne. Je rappelle que contrairement aux pays européens où les Etats ont été créés sur la base des<br /> nations existentes, les anciens colonies n'ont pas eu ce privilège. Des peuples de divers cultures et langues ont été regroupés au sein de territoires étatiques. L'émergence de la nations devait se<br /> faire avec le temps. C'est pour cette raison que le PDCI qui était au pouvoir a souhaiter que les differents partis politiques se fondent dans le parti unique qui servira de moteur de la création<br /> de la nation. La possibilité de créer des partis pourra intervenir plus tard quand la nation (le vouloir vivre collectif habitera les esprits au point que le boaulé à l'ouest n'est pas vu comme un<br /> étranger et vice versa à l'image des Etats Unis. C'est dailleurs pour monter sa bonne fois que le PDCI n'a pas voulu supprimer l'article qui prévoyait le multipartisme.Cette idée avait été acceptée<br /> par tous au départ.Mais quand à peine 6 ans après Kragbé Gnagné arrive et qu'on lui notifie cela, il refuse et procède par la distribution de track à caractère tribal confirmant les craintes des<br /> dirigeants.Est-ce parce qu'on a interdit la création d'un parti que quelqu'un doit s'en prendre aux Baoulé affirmant dans ses tracks que les Baoulé avec la complicité du pouvoir ont volés la terre<br /> de ses parents? Non! la réponse pour moi c'est parce que Kragbé veut devenir à tout prix Président et s'en prendre aux Baoulé. Est-ce faux qu'il a agi de la sorte? Son programe de Gouvernement<br /> était donc mauvais et si un tel programme dirigé n'avait pas été étouffé aurait fait volé le pays en éclat. Pour moi c'était une erreur pour GBAGBO de se reclamer héritier d'un tel monsieur et<br /> vouloir solliciter le suffrage des baoulé. GBAGBO n'avait pas besoin de dire qu'il est héritier de Gnagbé pour avoir la sympathie du peuple bété. Il s'est mal comporté, lui qui faisait face à une<br /> rebellion. Par ailleurs, il aurait dû saisir son titre d'héritier pour ouvrir une enquête POUR QU'ON SACHE LE NOMBRE DE MORTS.Il aurait pu obliger les membres du commando ( certains sont connus) à<br /> dire ne serait-ce que lors de la reconciliation nationale les circonstances de la mort de Gnagbé. Je remarque que ce monsieur aime jouer sur les sentiments et émotions des gens pour se faire aimer.<br /> Aujourd'hui les témoins occulaires existent et le fait de tuer, comme certains l'affirment péremptoire 4.000 personnes d'une même tribu est un génocide et un crime contre l'humanité imprescriptible<br /> en droit. Ils peuvent porter plainte si GBAGBO a réfusé de mener l'enquête et la justice ouvrira le dossier. Autrement, je voudrais que, dans le cadre de la construction de la nation, un chef<br /> d'Etat ne viennent pas dire qu'il est héritier de quelqu'un dont l'évocation du souvenir peu reveiller les vieux demons de la haine. Si nous aimons notre pays allons de l'avant et posons les actes<br /> constructifs et arrêtons de nous accuser les uns les autres. C'est tout cela qui avait motivé les premier dirigeants à s'opposer au multipatisme. Hélas, ils n'ont pas été suivi. Si nous voulons le<br /> multipartisme c'est parce que nous nous savons mûrs pour gérer démocratie et unité nationale.Que vive les idées pacifiques en Côte d4ivoire.<br /> <br /> <br />
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S
<br /> Il n'y a là que des affirmations venant de votre part!<br /> je reste deçu par cet article d'un niveau aussi bas...<br /> <br /> <br />
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D
<br /> parfait<br /> <br /> <br />
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D
<br /> Tu as enlevé ta dernière réaction. C'est malhonnête de ta part.<br /> <br /> <br />
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